Les universités populaires alternatives en France, par Philippe Corcuff.
Des universités hors de l’université publique ? Des lieux alternatifs et libertaires de production et d’appropriation de savoirs critiques ? La réactivation des Universités populaires en France par le philosophe Michel Onfray à Caen en octobre 2002 a ouvert un champ de questionnements et de pratiques. Philippe Corcuff, co-fondateur de l’Université Populaire de Lyon (créée en janvier 2005), revient ici sur une série d’enjeux et de problèmes de ces expériences.
Les universités populaires (UP) ont une histoire ancienne en France, au moment de l’Affaire Dreyfus. Á l’initiative de Georges Deherme (1870-1937), ouvrier typographe libertaire, la première université populaire parisienne est ainsi inaugurée en octobre 1899. Il s’agissait d’instaurer un lieu de rencontre entre intellectuels républicains et ouvriers. Michel Onfray a relancé cette tradition à Caen en octobre 2002 , l’UP de Lyon s’inscrivant dans son sillage sous l’impulsion de Françoise Bressat . Aujourd’hui cette mouvance d’expériences indépendantes et alternatives francophones a diversifié ses ramifications : Aix, Arles, Arras, Avignon, Grenoble, Hauts-de-Seine (92), Montpellier, Narbonne, Nice, Perpignan, Saint-Brieuc, mais aussi l’Île Maurice et Boston. D’autres sont en préparation (Nîmes, Valenciennes…). Elles se distinguent d’UP plus traditionnelles qui avaient perduré en France, notamment dans le sillage du christianisme social, par la gratuité de l’accès et le bénévolat des enseignants, comme par leur orientation critique et un certain ancrage universitaire des savoirs mis à disposition. Le réseau des nouvelles UP alternative est peu formalisé, ces UP entretenant entre elles des liens lâches et souples. Depuis juin 2006, un « Printemps des Universités Populaires » les réunit annuellement. Par ailleurs, un site vient d’être constitué pour rassembler les informations et faire circuler les initiatives : la « Plateforme d’échange des universités populaires indépendantes et alternatives » .
Par Michel Tozzi, professeur émérite en sciences de l’éducation, Montpellier 3, didacticien de la philosophie.
michel.tozzi@orange.fr
www.philotozzi.com
La crise de la transmission
Transmettre signifie étymologiquement « envoyer (mittere en latin) au-delà (trans) ». La transmission peut se faire de façon informelle, non consciente, par imprégnation (cf l’importance du transfert et de l’identification chez Freud, de l’imitation chez Tarde ou Bandura, de l’habitus chez Bourdieu); ou de façon formelle, délibérée, consciente, organisée, planifiée sous forme de curricula (ex : les programmes scolaires). Elle porte sur des valeurs, des savoirs et connaissances, des savoir-faire et compétences, des attitudes. Elle suppose une autorité reconnue, légitimée par sa fonction, son rôle, son statut, son mandat, sa compétence (coutumière, juridique, religieuse, scientifique, etc.).
www.philotozzi.com
La crise de la transmission
Transmettre signifie étymologiquement « envoyer (mittere en latin) au-delà (trans) ». La transmission peut se faire de façon informelle, non consciente, par imprégnation (cf l’importance du transfert et de l’identification chez Freud, de l’imitation chez Tarde ou Bandura, de l’habitus chez Bourdieu); ou de façon formelle, délibérée, consciente, organisée, planifiée sous forme de curricula (ex : les programmes scolaires). Elle porte sur des valeurs, des savoirs et connaissances, des savoir-faire et compétences, des attitudes. Elle suppose une autorité reconnue, légitimée par sa fonction, son rôle, son statut, son mandat, sa compétence (coutumière, juridique, religieuse, scientifique, etc.).
Entretien avec Philippe Corcuff, par Stéphane Le Lay
* entretien réalisé en octobre-novembre 2006 et publié en septembre 2007 *
Paru dans Agora – Débats/jeunesse
(revue trimestrielle de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire)
http://www.injep.fr/-Agora-debats-jeunesse-.html
N°44, 2ème trimestre 2007, pp.36-44
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Philippe Corcuff est cofondateur de l’université populaire de Lyon, maître de conférences de science politique à l’institut d’études politiques de Lyon, membre du Centre de recherche sur les liens sociaux, membre du conseil scientifique d’ATTAC
IEP Lyon
14, avenue Berthelot
69365 Lyon Cedex 07
Courriel : Philippe.Corcuff@univ-lyon2.fr
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Agora : L'université populaire à Lyon, qu'est-ce que c'est ? Quelle est sa genèse ? Comment ça marche ?
Philippe Corcuff : L’Université Populaire (UP) de Lyon a été lancée en janvier 2005. Un petit groupe autour de Françoise Bressat (enseignante de lettres dans le secondaire et actuelle présidente de l’Université Populaire de Lyon) a fait appel à des universitaires pour créer quelque chose d’analogue à l’expérience réactivée à Caen en octobre 2002 par le philosophe Michel Onfray. Onfray s’est ainsi efforcé de redonner sens à la tradition des Universités Populaires de la fin du XIXème siècle, notamment celle incarnée au moment de l’Affaire Dreyfus par la figure oubliée de Georges Deherme (1870-1937), ouvrier typographe libertaire. Á l’initiative de Deherme, la « Société des universités populaires » a été ainsi constituée le 12 mars 1898 ; la première université populaire parisienne étant inaugurée le 9 octobre 1899 au 157 rue faubourg Saint-Antoine. Des philosophes comme Alain, Bergson ou Péguy vont soutenir cette initiative. Il s’agissait d’instaurer un lieu de rencontre entre intellectuels républicains et ouvriers.
(revue trimestrielle de l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire)
http://www.injep.fr/-Agora-debats-jeunesse-.html
N°44, 2ème trimestre 2007, pp.36-44
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Philippe Corcuff est cofondateur de l’université populaire de Lyon, maître de conférences de science politique à l’institut d’études politiques de Lyon, membre du Centre de recherche sur les liens sociaux, membre du conseil scientifique d’ATTAC
IEP Lyon
14, avenue Berthelot
69365 Lyon Cedex 07
Courriel : Philippe.Corcuff@univ-lyon2.fr
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Agora : L'université populaire à Lyon, qu'est-ce que c'est ? Quelle est sa genèse ? Comment ça marche ?
Philippe Corcuff : L’Université Populaire (UP) de Lyon a été lancée en janvier 2005. Un petit groupe autour de Françoise Bressat (enseignante de lettres dans le secondaire et actuelle présidente de l’Université Populaire de Lyon) a fait appel à des universitaires pour créer quelque chose d’analogue à l’expérience réactivée à Caen en octobre 2002 par le philosophe Michel Onfray. Onfray s’est ainsi efforcé de redonner sens à la tradition des Universités Populaires de la fin du XIXème siècle, notamment celle incarnée au moment de l’Affaire Dreyfus par la figure oubliée de Georges Deherme (1870-1937), ouvrier typographe libertaire. Á l’initiative de Deherme, la « Société des universités populaires » a été ainsi constituée le 12 mars 1898 ; la première université populaire parisienne étant inaugurée le 9 octobre 1899 au 157 rue faubourg Saint-Antoine. Des philosophes comme Alain, Bergson ou Péguy vont soutenir cette initiative. Il s’agissait d’instaurer un lieu de rencontre entre intellectuels républicains et ouvriers.
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