Séminaire UPL16-04-11 CR intégral matin interventions débats.doc
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CR intégral Séminaire UP avril 2011pm.doc (90 Ko)
séminaire Dartigues 16-04.doc (52.5 Ko)
synthèse séminaire PM 16-04 PM.doc (51.5 Ko)
reunion upistes UPL 16-03.pdf (91.56 Ko)
CR intégral Séminaire UP avril 2011pm.doc (90 Ko)
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Séminaire UPL - matin
I- Interventions
1 intervention de Laurent Dartigues (UP Grenoble) voir doc joint
2 : Lilian Matthieu UP Lyon)
Lilian limite son intervention à qqs constats tirés de sa propre pratique d’intervenant à l’UPL depuis 2006.
Les effectifs ont fluctué au cours des années : baisse sensible et régulière mais pas brutale. Il constate un renouvellement du public dû au changement de thème d’une année sur l’autre mais il y a aussi des fidèles …. C’est gratifiant.
Les effectifs fluctuent aussi au cours des séances. Généralement il y a moins de gens en fin de cycle parce que sans doute la manière dont il traite le sujet annoncé ne correspond pas à ce que certains attendaient en se basant sur le titre, ou alors c’est la formule de l’UP qui ne leur convient pas.
Certaines personnes viennent assister à 1 séance parce que l'intitulé de cette séance les intéresse et non l’ensemble du cycle….. D’où l’intérêt de donner des titres clairs au cycle et à chacune des séances qui le compose.
Pour ce qui concerne le renouvellement, l’élargissement du public semble en lien avec la capacité de l’UP à se faire connaître plus largement et à apparaître comme un lieu accueillant où tout le monde peut avoir sa place. Un lieu suffisamment confortable et chauffé où l’on peut retrouver des gens avec qui on partage suffisamment de points communs ou d’affinités pour avoir l’assurance de ne pas susciter le rire ou la réprobation par ses interventions.
La reconnaissance réciproque, c’est rassurant et très agréable mais aussi potentiellement excluant ! Ex : pendant ses cours, les allusions à l’actualité politique sont aisément décodables comme émanant de quelqu’un qui peut se situer à gauche, ce qui permet d’établir un lien de reconnaissance, une relation plus directe et conviviale avec le public. La rencontre atteste alors de qqchose de l’ordre du collectif.
Ça peut se jouer aussi sur des bases de classe sociale ou de capital culturel, ce qui serait un vrai problème pour une UP qui se veut ouverte et accessible à tous.
I- Interventions
1 intervention de Laurent Dartigues (UP Grenoble) voir doc joint
2 : Lilian Matthieu UP Lyon)
Lilian limite son intervention à qqs constats tirés de sa propre pratique d’intervenant à l’UPL depuis 2006.
Les effectifs ont fluctué au cours des années : baisse sensible et régulière mais pas brutale. Il constate un renouvellement du public dû au changement de thème d’une année sur l’autre mais il y a aussi des fidèles …. C’est gratifiant.
Les effectifs fluctuent aussi au cours des séances. Généralement il y a moins de gens en fin de cycle parce que sans doute la manière dont il traite le sujet annoncé ne correspond pas à ce que certains attendaient en se basant sur le titre, ou alors c’est la formule de l’UP qui ne leur convient pas.
Certaines personnes viennent assister à 1 séance parce que l'intitulé de cette séance les intéresse et non l’ensemble du cycle….. D’où l’intérêt de donner des titres clairs au cycle et à chacune des séances qui le compose.
Pour ce qui concerne le renouvellement, l’élargissement du public semble en lien avec la capacité de l’UP à se faire connaître plus largement et à apparaître comme un lieu accueillant où tout le monde peut avoir sa place. Un lieu suffisamment confortable et chauffé où l’on peut retrouver des gens avec qui on partage suffisamment de points communs ou d’affinités pour avoir l’assurance de ne pas susciter le rire ou la réprobation par ses interventions.
La reconnaissance réciproque, c’est rassurant et très agréable mais aussi potentiellement excluant ! Ex : pendant ses cours, les allusions à l’actualité politique sont aisément décodables comme émanant de quelqu’un qui peut se situer à gauche, ce qui permet d’établir un lien de reconnaissance, une relation plus directe et conviviale avec le public. La rencontre atteste alors de qqchose de l’ordre du collectif.
Ça peut se jouer aussi sur des bases de classe sociale ou de capital culturel, ce qui serait un vrai problème pour une UP qui se veut ouverte et accessible à tous.
Comment réduire ce risque d’un renfermement dans l’entre-soi, sinon en étant vigilant pour que rien ne puisse exclure ou décourager qui que ce soit et surtout les personnes qui auraient quitté le système scolaire en mauvais termes.
Un constat récurrent prétend que l’UP arrose là où c’est déjà mouillé, le "vrai
Peuple" étant laissé de côté. Certains éléments vont dans ce sens mais il est nécessaire de nuancer car on perçoit aussi une grande diversité du public : des personnes qui ne sont pas diplômées mais à qui un engagement politique ou syndical a offert une socialisation intellectuelle …..ou encore des gens sans bagage scolaire attesté mais qui ont un goût ou une curiosité pour un ensemble de thèmes qu’ils vont sélectionner parmi les cours de l’UP.
Pour mieux cerner notre public, on pourrait élaborer avec d’autres une enquête par questionnaire menée de manière systématique avec des questions sociologiques de base, complétées, éventuellement par des questions plus fines sur la sensibilité politique et religieuse… les lectures, les engagements associatifs etc …
Comment avez-vous eu connaissance de l’UP ?, depuis quand la fréquentez-vous,
Combien de cours suivez-vous, quel genre de cours…venez-vous seul ou accompagné… questions sur l’écoute des cours en ligne etc…
Laurent demande s’il y a des UP qui l’ont fait?
Réponse positive de l’UP d’Aix
Ce n’est ’pas facile à réaliser
Le questionnaire va être utilisé pour la table ronde du Printemps des UP
Laurent est très réticent à l‘idée d‘une enquête sociologique.
Il pense que ça peut être très utile mais préfère que l’on préserve des lieux où l'on ne s'occupe pas de l’identité des gens.
3-Intervention de Claude Gautier
Claude souhaite parler de sa propre expérience en tant qu’enseignant
Expérience de la dissociation constructive et inventive.
Il faut se déprendre d’un certain nombre d’habitudes de l‘enseignement académique pour mieux répondre aux attentes de l‘auditoire de l‘UP...
C’est un défi à relever.
Il se reconnait particulièrement dans la dimension sceptique abordée par Laurent dans le préliminaire. Lorsqu’il a commencé, et c‘est une des raisons qui l‘a poussé à entrer dans cette aventure, il n’y croyait pas vraiment .
IL a fait pendant 3 ans des enseignements qui portaient sur la philo politique …. La question de la représentation, l’éthique et le genre etc….
L’auditoire était assez large et il semble qu’il se diversifiait sur la dernière année….. C’était un plaisir de constater la venue de gens plus jeunes. La diversité du public a été encourageante et rassurante pour lui.
Constat aussi d’un noyau dur de fidèles …..C’est très gratifiant !
La difficulté fondamentale qu’il éprouve est celle qui se situe au moment de l’interaction. : IL a beaucoup de mal à essayer de se mettre à une hauteur de vue différente pour éviter de répondre aux questions dans la position « d’autorité » qui caractérise l’enseignant. C’est très difficile d’arriver à imaginer le point de vue à partir duquel on va se positionner et ce qu’il faut abandonner d’assurance et de certitudes pour pouvoir être entendu.
Comme Laurent, il n’a jamais eu le sentiment que l’UP doit être une fabrique de militants, il évite donc de tomber dans une simplification qui peut être valorisante sur le moment mais à très court terme.
Le moment des questions était très redouté à cause de la diversité des publics et de la difficulté à imaginer ce qu’on attend de l’intervenant.
Est-il là pour apporter un savoir ou pour proposer une parole partagée ?
Il ne croit pas au pouvoir émancipateur de la connaissance… le savoir n’émancipe que celui qui l’acquiert.
L’articulation entre connaître et agir est très problématique et encore plus à l'UP.
Il a essayé de naviguer entre ces différents écueils et trouve que c’est une excellente idée de se poser ensemble un certain nombre de questions. Il croit, malgré tout, que si l’on considère que le cadre de l’UP est un cadre d’expériences (où il se passe quelque-chose), on a ici peut-être l’occasion, dans la discussion, de réviser cette expérience… de réadapter les attendus des enseignants avec le point de vue que les auditeurs, présents au séminaire, peuvent indiquer.
4- Intervention d'Alain Leduc de Bruxelles sur le ou les publics du point de vue de l‘UP de Bruxelles.:
L »UP de Bruxelles a une histoire très différente des nouvelles UP de France.
Elle existe depuis 2 ans et demi mais c’est l’aboutissement d’un processus d’éducation populaire.
Il y a 40 ans, il y a eu une expérience d’université syndicale :
1 - pour que les délégués syndicaux puissent avoir une compréhension plus générale de l’économie, du droit…. La liberté de parole était assez étonnante et dans ce foisonnement, avec l’arrivée de l’émigration marocaine à Bruxelles, ils se sont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour aider tous ceux qui étaient analphabètes, sans formation professionnelle ni syndicale.
Ces secteurs sociaux et d’éducation permanente s’étant beaucoup développés en Belgique ….plusieurs décrets reconnaissent l’UP, lui donnent un rôle institué et financent ses activités, ils ont donc travaillé aussi avec ceux qui encadraient les analphabètes.
Aujourd'hui, il y a 7000 personnes qui se forment et 300 formateurs
L’UP de Bruxelles est donc l’aboutissement d’un projet mais aussi d’un besoin.
L’UP de Michel Onfray à Caen a été un déclencheur pour monter d’un cran, se mettre dans une position plus libre….on a surfé sur la vague. Leur sentiment est que les UP de France sont plus nées d’une forme de rupture….
Des intellectuels qui sortent de l’Université pour rencontrer des gens désireux d’apprendre et leur dispenser un savoir.
Une hypothèse intéressante se dessine : il y aurait 2 modèles d’UP, celle de Caen et celle de Bruxelles. ….modèles très différents.qui impliquent un lien immédiat entre le public et la pédagogie choisie.
Il a relevé de graves tensions
D’1 côté on part d »1 critique, voire d’1 rupture avec l’Université traditionnelle,
De l’autre, on est parti d’1 éducation populaire depuis le niveau le plus bas.
Concrètement, à Bruxelles, il y a 1 groupe de personnes analphabètes qui se réunit toutes les semaines et qui travaille les mêmes questions sociologiques, socio-économiques, politiques, philosophiques avec de grands conférenciers
La priorité a toujours été mise sur l’ancrage populaire et sur l’engagement (apprendre ou savoir POUR…).
De leur point de vue, on n’apprend pas si on n’est pas capable de dire pour quoi (c’est bien le problème dans l’éducation nationale)….. Il y a un lien entre les situations que les gens vivent et les apprentissages. Alors qu’à l’UP de Caen, il est important de séparer les apprentissages de toute pensée ou militantisme, considérés comme une « scorie » qui empêche d’atteindre le VRAI savoir.
Avec les UP françaises, il découvre que le mot populaire a 2 sens !!!
Pour Bruxelles c’est la priorité donnée d’abord aux plus défavorisés …. MAIS pas de manière aussi générale qu’en disant « c’est populaire car la porte est ouverte et c’est gratuit » !
Pour Onfray, il y a UNE culture et il faut LA démocratiser.
Pour Bruxelles, ça a été un débat très profond : ils plaident pour une démocratie culturelle, une construction culturelle à partir des gens qui sont là (143 nationalités)….ce qui ne veut pas dire qu’ils se désintéressent de la « grande culture ».
Allusion à la position de Corcuff qui s’’était démarqué du concept de « sculpture de soi » de Michel Onfray en proposant de parler plutôt d’un « bricolage de soi ».
Le point le plus important pour l’UP de Belgique, c’est l’aspect pédagogique si on veut travailler avec un public en difficulté on ne peut que partir de la réalité des gens, de leur représentation
Concrètement, avec les ateliers du mardi, on commence par les écouter exprimer leurs représentations d’une question, les écrire au tableau pour voir comment ILS pensent que le problème se pose avant même la venue de l’intervenant
En bout de course, on débriefe avec les gens : est-ce que l’intervenant a répondu à vos questions?…. On construit les savoirs AVEC les gens.
A Caen devant 600 personnes …il n’y a pas de dialogue, c’est du discours transmissif
Comment peut-on continuer d’être d’accord avec cette page de principes d’Onfray qui fonde l’UP ?, ces principes sont d’une faiblesse théorique incroyable : 1 heure de cours + 1 heure de discussion, pas de pré-requis et aucune délivrance de diplômes
Là on est en désaccord profond !
À Bruxelles, on pense qu’à partir des savoirs critiques que l’on construit, on doit se battre pour qu’un jour ils soient diplômants . On pense en tous cas que ce ne sont pas ceux qui ont des diplômes qui doivent décréter l’inutilité des diplômes.
Les institutions sont vécues comme un danger par les UP de France…. Pourquoi ne pas essayer d’être en prise avec les institutions et pourquoi ne pas les utiliser en termes de rapport de force ?
La réponse finale au mail déprimé de Françoise, il y a qqs mois est la suivante : Tenter de faire le lien avec les organisations, les associations d’éducation populaire.
5-Walter Bonomo (Nantes- Plate forme RESEAU des UP)
Il précise qu’il n’est pas enseignant et qu’il ne sent pas forcément très à l’aise avec l’institution.
En 2006 la naissance des UP a été un moment fort pour lui, il s’est senti en empathie avec ce mouvement …….liberté de parole, exigence d’émancipation, de rationalisation de la pensée critique…
Il travaille à l’Université et voit bien les rapports décrits en termes de violence symbolique. Il est reparti de Lyon regonflé à bloc avec l‘envie de faire une UP à sa façon, de participer à cet idéal collectif.
Ne connaissant rien au mouvement des UP, Il s’est imprégné de nombreuses lectures’ ( ex: Mercier), pour comprendre d’où remontait ce mouvement et à quoi ça correspondait et il s’est rendu compte qu’en termes historiques, ça a été un feu de paille.
Une question intéressante à ré-interroger : la difficulté entre classe intellectuelle et classe populaire
Finalement nos UP sont très liées conceptuellement et dans leur mode d’organisation avec les UP du XIXème. On a toujours le même mode d’organisation et la même façon de diffuser les cours ! Si les UP reviennent sur le devant de la scène, c’est peut-être qu’elles correspondent à un temps historique.
Comme à la fin du 19ème, nous vivons une période de mutation profonde de nos systèmes économique, de révolution industrielle et notre système scolaire est en pleine interrogation !
Il y a une forte effervescence autour des groupes de pensée de la presse et des médias…
Mais notre époque contemporaine est très différente : certes, il y a la mondialisation des échanges mais elle n’a pas du tout la même intensité qu’autrefois… notre société est devenue largement alphabétisée, nous vivons dans une abondance des savoirs ce qui n’était pas le cas à la fin du 19ème. Le rapport aux nouvelles technologies permet aujourd’hui de démocratiser l’accès aux savoirs…
Le sentiment de cohésion sociale est beaucoup plus ébranlé aujourd’hui ou plus difficile à construire qu’il ne l’était.
Autre aspect sur la question du progrès : Le rapport aux institutions (passage inaudible)
Walter souhaite nous parler de l’expérience de l’UP de St Brieuc qu’il a initiée et notamment des problèmes dans la construction du dispositif : Echec de la collaboration avec les institutions
Ce qui l’a gêné aussi c’est le centrage autour des enseignants en rupture avec le système académique et qui faisaient partie du comité de pilotage de cette UP.
Il s’est posé 3 questions à partir de l’impasse où il s’est retrouvé :
1- Qu’est-ce qu’apporte au final une UP dans un contexte d’abondance de connaissances, dans un territoire et des voies alternatives où on nous sature d’idées et de savoirs ?
2- L’UP est-elle nécessairement une affaire d’enseignants?
3 -Que peut-on faire pour créer une adhésion populaire autour d’un projet de diffusion et de production de connaissances partagées ?
Walter s’est réinvesti sur d’autres terrains : il a monté un média de métiers citoyens sur internet, à Nantes et ce choix lui a permis de renouer avec cette notion de plaisir qu’il avait développée au printemps des UP, en 2006.
Inventer, apprendre, créer du lien avec les gens… ils le font au travers de reportages.
Cela permet
1-de répondre à l’ambition d’audience avec peu de moyens
2-de créer du sentiment collectif : les groupes s’investissent à un moment donné sur une idée…
Les enseignants sont très utiles dans ce dispositif, ils s’investissent dans ces dossiers mais ne sont pas au centre du dispositif ce qui permet un autre genre de pilotage.
Il est vrai que les savoirs que l’on diffuse sont différents de ceux d’une UP, mais ce format permet un autre rapport aux territoires, aux réseaux sociaux…..on produit des évènements comme le « printemps des média citoyens » qu’on fait venir de toute la France.
Ne pourrait-on-pas
1 -penser l’UP sous forme de média ?
Et/OU
2- créer des liens avec les médias citoyens pour augmenter l’audience ?
Débat du matin Séminaire UPL avril 2011-05-25
Bernard B (Lyon)
Suite à l’appel de Françoise, On a réuni un groupe auditeurs-rices d’un quinzaine (autour de 50/60 ans ) + un nouveau autour de la quarantaine dont la vision était très différente
Discussion libre (voir doc)
Roberto (Lyon)
Je pense qu’un certain nombre de problèmes se posent dans l’enseignement : avec un risque de schizophrénie sociale : On veut faire venir tout le monde sans vraiment savoir à qui on s’adresse. Certains viennent pour le plaisir, Il y a des aventuriers, d’autres pour le savoir traditionnel
Comment peut-on faire un cours sans s’inquiéter de savoir à qui on s’adresse
Faut-il s’adresser aux activistes ou bien à ceux qui viennent juste pour recueillir un savoir
Il faut connaitre le monde dans lequel on est si on veut le transformer
L’intérêt du cours dialogique, c’est ce qui va sortit de cette confrontation
Tanguy (Lyon)
En tant qu’auditeur, c’est une autre expérience
Il y a un plaisir à être aussi auditeur, à être déstabilisé, inquiété …à revoir sa manière de penser. Les UP offrent la possibilité d’émouvoir et le discours critique permet de modifier la manière de voir les choses
Lilian (Lyon)
Il y a un réel intérêt à mener une enquête sur le public
Le Public de l’UPL n’est pas un cobaye : il peut tout à fait refuser le sondage
Ce sondage pourrait permettre de savoir à qui adresser notre com
Et de toucher un autre public que des « blancs » . . .(femmes voilées par exemple)
Refuser de connaitre le public, c’est dérangeant dans un univers où on défend la connaissance pour tous
Liliane (Aix)
Nous ne touchons presque pas de public jeune ou immigré
Nous avons fait un essai d’enquête cad un travail de longue haleine pour connaître le tissu associatif d’AIX qui travaillait en prise sur certaines catégories de population peu présentes à l’UP. Le but était de se connaître et se faire connaître : ce fut un travail à plein temps sur plus d’un an !
Parmi les problèmes soulevés : celui des horaires : les femmes (mères de famille) ne sont libres que l’après-midi et ne peuvent profiter des cours en soirée ;
Les travailleurs sont trop fatigués pour venir à des cours après 18h
A partir de ce qui existe dans notre territoire, on a essayé de travailler avec les organismes investis
L’UP d’AIX s’est construite avec des « experts » et non des « enseignants »
Philippe (Lyon)
Plusieurs questions semblent se poser :
1-A propos de la transmission du savoir, il faut garder le scepticisme et la modestie nécessaires ; malgré les formulations libertaires, il faut garder des repères. La force émancipatrice du savoir n’est pas automatique : attention à l’arrogance de ceux qui croient apporter la « lumière » aux ouvriers !
La variété des usages, des réceptions, des malentendus obligent à une vision différente
Il ne faut pas trop simplifier le problème de la transmission ou de la relation pédagogique et chasser l’idée d’un rapport magique au savoir qui libère. L’espace des UP offre modestement des possibilités d’émancipation
L’émancipation n’est pas intrinsèque au savoir ; il faut récuser la culture d’évaluation tout en restant prudent et en se méfiant d’un rapport magique où l’on refuse de savoir si dans la salle on touche les ouvriers ou pas !
2-Sur le mot « militant »
Ce qui est mis derrière ce mot existe aussi chez les non militants : la fermeture, l’autojustification, le manichéisme, l’étroitesse de vue et ce serait une erreur de les lier uniquement au mot « militant »
Il existe aujourd’hui un mouvement large : l’UP peut-être une composante critique de la galaxie naissante de ces mouvements naissants
Exemple du cours de Brigitte le Grignou sur la réception des médias, qui dérangeait une série de stéréotypes : on a parfois tendance à venir à l’UP pour entendre ce qu’on sait déjà !
Fbb (Lyon) fait remarquer que le public de l’UP de cette époque sans être militant était constitué d’anciens militants qui souhaitaient se rassurer ou vérifier leurs convictions
Pb de l’enseignant qui a besoin de savoir ce que devient son « message »
Michel B (Lyon) expérience de militant syndicaliste à l’usine et dans les milieux sociaux
Ce qui m’intéresse c’est la critique et la remise en cause des idées reçues
Dans le milieu universitaire : la référence à la pratique ne se trouve pas
L’UP de Belgique est partie à l’inverse des besoins des gens et le « greffage de l’UP » s’est fait à partir d’une très longue pratique d’éducation populaire
Sophie Béroud (Lyon)
L’expérience des ateliers de lecture après celle des cycles de conférences a été très passionnante ! Le format 1h/1h ne rompt pas vraiment avec le format universitaire et ne permet pas à toutes et tous de s’y exprimer
On ne peut fonctionner totalement comme Bruxelles mais au moins essayer d’élargir le public en diversifiant les lieux et en se faisant connaitre des associations qui travaillent sur ce terrain
Par ailleurs, pour les thèmes choisis, il faudrait se rapprocher des réalités sociales
Claire et Sandrine (ALPES) (Lyon)
Sandrine
Notre public a un souvenir douloureux de l’école
J’ai été très sensible à la démarche d’Alain (Belgique) : la notion de populaire évoque un public qui n’a pas accès au savoir, un public également non captif
Qui contacte-t-on ? Pour quel engagement ? A-t-ton peur de former des militants ?
Le but est tout de même d’émanciper : il faut assumer cet aspect
L’initiative de Bruxelles pose des questions de fond sur ce qu’on veut faire à l’UP
La complexité des savoirs est accessible à tous
Claire : Le format 1h/1h m’apparaît comme un résidu de l’Université dont on n’arrive pas à se débarrasser
Danièle (Ile d’Abeau)
Nous avons un public très diversifié mais unifié par le lieu (issu du réseau des médiathèques) : ce public est demandeur de savoir et d’informations critiques
Les cours sont énormément suivis et le débat est la continuité du cours mais sur une information de + en + précise
Les débats se font plutôt au début du cours suivant : le public a du temps pour réfléchir, lire et poser ses questions : cela permet d’augmenter le nombre et la palette de la bibliothèque
Nous sommes sensibles à la démarche de l’UP de Bruxelles car on est dans le même cadre social et culturel (public de primo arrivants, de demandeurs d’asile.
Pour les toucher, on a démarré par des ateliers décentralisés (jardins collectifs) avec le souci de déculpabiliser les gens de la situation où ils se trouvent ; on a amené des enseignants en économie, des travailleurs sociaux pour les aider à reprendre les rênes de leur propre histoire
Les cours d’alphabétisation entrent dans les activités de l’UP
En ce qui concerne les « sondages » les gens refusent de répondre à des questions sur eux … c’est aussi la liberté de l’UP
Rose Marie (Belgique)
Il faut aussi parler de l’expérience de l’Université populaire de Liège qui travaille en lien avec les syndicats et les terrains mais se veut davantage un lieu de formation de formateurs
Le débat entre les UP dévoile les autres expériences et souligne l’intérêt de l’associatif dans la formation : Tous les acteurs présents ici sont importants et nécessaires
Certains se sont définis par rapport à l’Université officielle : Les UP issues d’universitaires se posent d’avantage des pbs de pédagogie
Celles qui se sont formées à partir du terrain, se posent d’autre types de problèmes en lien avec leur public spécifique
Tout doit exister mais c’est mieux d’avoir des liens
Il ne faut pas supprimer les espaces où les gens viennent uniquement pour le plaisir d’apprendre : c’est un besoin fondamental et cela n’empêche pas de rester en cohésion avec les autres : C’est chouette par exemple d’entendre dire qu’un atelier est né !
Ce qui manque ce sont des liens affirmés : Les UP ça doit être vivant et non figé dans des modèles
Il faut essayer de se diversifier et de répondre à des demandes différentes
Quand on travaille dans les associations, on doit lutter contre le fait de penser que le monde c’est ça. Il y a des gens qui ont une vie plus confortable mais qui ont les mêmes besoins d’apprendre
Bernard
Qui enseigne : Enseignants OU experts ?
Je me suis rendu compte que pour devenir expert , il suffit d’affirmer avec autorité qu’on l’est ! Comment peut-on choisir un « expert » ?
A l’opposé : un enseignant, on sait d’où il vient ; il a le souci de la pédagogie
On a tendance actuellement à penser que tout le monde sous prétexte qu’il se dit « expert » peut enseigner
Sandrine
Une des vocations de l’UP est de se tourner aussi vers une population en difficulté :
Claude (Lyon)
Il y a des savoirs faire différents : l’intérêt, c’est de créer une collaboration
On est dans une période de notre histoire ou le seul discours consiste à prôner un savoir utilitariste. La fonction critique du discours est primordiale mais n’a rien à voir avec la formation militante
Il faut apprendre à se déprendre de ce que le « public » va faire de ce qu’on enseigne
Renoncer à avoir un quelconque pouvoir sur ce qu’on transmet
Laurent (Grenoble)
Je refuse une connaissance de type sociologique : car je ne vois pas ce qu’on peut en faire
La gratuité n’est pas à jeter : il faut la tenir ferme contre le courant dominant
Importance du principe « ouvert à tous »
Fbb
Importance des locaux qui permettent de rencontrer d’autres publics par l‘intermédiaire de relais (lieux de formation, lieux de loisirs)
Alain (Belgique)
Pour moi la question n’est pas « qui enseigne » mais quelle « pédagogie » on pratique !
Le cours Ex cathedra ne passera jamais dans certains milieux
Quelle pédagogie peut-on mettre en œuvre pour permettre de progresser ?
La posture de transmission peut être remise en question
Synthèse proposée par Michel Tozzi (UP Septimanie)
Cette synthèse, c’est ma façon de lire les débats
Les UP sont des « institutions » non pas au sens de l’école mais au sens de groupes qui se donnent des règles et qui cherchent à se rendre visibles
Il y a d’abord une phase d’instituant (on crée quelque chose de neuf) phase très intéressante en ce qui concerne les UP car elles sont un lieu d’expérimentation sociale
Mais avec le temps, l’instituant devient un institué et se pose des pbs d’institution : logistique, (gratuité), information, place des intervenants, participants, choix de budget, formation, enquêtes pour mieux se connaître …
On éprouve le besoin de distinguer ceux qui sont + du côté de l’organisation et ceux qui sont + du côte de l’intervention pour formaliser une équipe
Se pose également la question des réseaux cad comment se mettre en réseau avec les autres UP et au niveau local avec les autres associations (deniers publics) : cette question prend beaucoup de temps
Qu’est-ce qu’un instituant qui devient un institué et que fait-il pour ne pas mourir en se renouvelant ?
pb posés :
Statut du savoir et son lien avec l’émancipation de l’individu
Statut de l’intervenant
Statut de l’auditeur … public, participant
1- Statut du savoir
S’agit-il des sciences humaines ? Des sciences dures ? sur quels critères fait-on les choix et exclut-on certains savoirs ? dans ce cas , il faut argumenter
En même temps on veut qu’il s’agisse de savoirs critiques pour qu’ils soient émancipateurs
On pense donc que le savoir n’est pas critique par lui-même puisqu’on y ajoute le mot « critique ». Ce savoir « critique », « émancipateur » est en lien avec le mouvement social historique des UP et avec des mouvements alternatifs (alter mondialistes) ;
Ce savoir militant est récusé par certains qui considèrent le savoir comme une « bouteille à la mer » dont les gens font ce qu’ils veulent
Mais on voudrait aussi avoir de l’influence ; a-t-on le « bon » public ? Est-on légitime comme « militant » ? Notre public est-il assez populaire ?
Cela est déterminant pour le statut de l’intervenant et celui du participant
Le langage est important, pb d’appellation : intervenant, expert, formateur, animateur, enseignant…
Les logiques ne sont pas les mêmes : nommer c’est donner le style ; le mot « intervenant » est intéressant parce qu’il est neutre
2- Statut de l’intervenant
Le choix du mot « auditeur » est révélateur car il signifie : celui qui « écoute » passivement.
Le terme « participant » est plus actif, + engageant…
On ne dit pas « formé » pour formateur, ni « enseigné » pour enseignant : tous ces mots impliquent des postures politiques et sociologiques.
Quelle est donc la posture de l’intervenant ? Celle qu’on lui donne et celle qui est reçue, selon qu’il vient de l’université, du lycée ou du primaire ?
Or dans l’expression, « université populaire » : le mot « université » est extrêmement inducteur : comme son nom l’indique, l’enseignant « universitaire » semble être l’intervenant le plus légitime (le chercheur est le meilleur détenteur du savoir puisque c’est lui qui l’élabore)
Sauf qu’il n’y a pas que des « savoirs universitaires » il y a aussi des savoirs expérimentaux, pratiques ; ceux-ci ont-ils une légitimité ? Si oui, comment les transmettre ? S’enseignent-ils, se partagent-ils ? Est-ce qu’un savoir d’expérience s’enseigne ?
Dans tous les cas, l’expérience du public remet en question la posture, la pratique quotidienne, les habitus du discours universitaire (celui de la maîtrise, de la possession de la vérité) car le participant ne s’en laisse pas compter, ce qui oblige l’intervenant à revisiter épistémologiquement sa propre posture : L’intervenant se doit donc d’avoir une conception intégralement problématisée ce qui signifie qu’un savoir n’a de sens que s’il est une réponse à une question
3 Statut du participant :
Posture subjective : comment se situe celui qui reçoit ou/et participe ou co-construit le savoir ?
Il faut élucider le rapport au savoir du participant sinon on reste dans le dogmatisme: quel est son mode d’appropriation du savoir ?
Quel est le rapport entre les intervenants et le « public » (terme qui n’est pas neutre) : on a sur lui des objectifs quantitatifs (objectif faire venir plus de gens ) et qualitatifs (on voudrait avoir un public venant de milieux défavorisés ou au contraire : vient qui veut !)
La position militante voudrait un public plus populaire dont on ne sait pas comment les « attirer » vers nous pour les conscientiser et les faire réfléchir : ce qui met en jeu tout le pb des dispositifs ; question du lieu qui n’est pas neutre car il est chargé symboliquement
comment conçoit-on les gens qui prennent en charge l’UP et les gens auxquels on s’adresse
L’arrivée de l’UP de Belgique a soulevé des questions qu’on ne s’était pas posées
Pour finir : l’intérêt des UP
On est dans des lieux où on peut s’autoriser, car on ne dépend pas d’autres institutions,à inventer des pratiques sociales, des pratiques pédagogiques nouvelles en sortant des chemins traditionnels (cours magistraux, formateurs classiques)
Expérimentons l’espace des possibles, les modèles ne s’excluent pas : les ateliers ne s’opposent aux cours magistraux mais qu’est-ce qu’on peut inventer d’autre ?
Notre imagination institutionnelle, pédagogique et didactique est très au dessous de tout ce qu’on peut faire !
Les UP ont permis ces expérimentations qu’on a tout intérêt à mutualiser afin d’enrichir et de diversifier nos pratiques et les modalités trouvées
Un constat récurrent prétend que l’UP arrose là où c’est déjà mouillé, le "vrai
Peuple" étant laissé de côté. Certains éléments vont dans ce sens mais il est nécessaire de nuancer car on perçoit aussi une grande diversité du public : des personnes qui ne sont pas diplômées mais à qui un engagement politique ou syndical a offert une socialisation intellectuelle …..ou encore des gens sans bagage scolaire attesté mais qui ont un goût ou une curiosité pour un ensemble de thèmes qu’ils vont sélectionner parmi les cours de l’UP.
Pour mieux cerner notre public, on pourrait élaborer avec d’autres une enquête par questionnaire menée de manière systématique avec des questions sociologiques de base, complétées, éventuellement par des questions plus fines sur la sensibilité politique et religieuse… les lectures, les engagements associatifs etc …
Comment avez-vous eu connaissance de l’UP ?, depuis quand la fréquentez-vous,
Combien de cours suivez-vous, quel genre de cours…venez-vous seul ou accompagné… questions sur l’écoute des cours en ligne etc…
Laurent demande s’il y a des UP qui l’ont fait?
Réponse positive de l’UP d’Aix
Ce n’est ’pas facile à réaliser
Le questionnaire va être utilisé pour la table ronde du Printemps des UP
Laurent est très réticent à l‘idée d‘une enquête sociologique.
Il pense que ça peut être très utile mais préfère que l’on préserve des lieux où l'on ne s'occupe pas de l’identité des gens.
3-Intervention de Claude Gautier
Claude souhaite parler de sa propre expérience en tant qu’enseignant
Expérience de la dissociation constructive et inventive.
Il faut se déprendre d’un certain nombre d’habitudes de l‘enseignement académique pour mieux répondre aux attentes de l‘auditoire de l‘UP...
C’est un défi à relever.
Il se reconnait particulièrement dans la dimension sceptique abordée par Laurent dans le préliminaire. Lorsqu’il a commencé, et c‘est une des raisons qui l‘a poussé à entrer dans cette aventure, il n’y croyait pas vraiment .
IL a fait pendant 3 ans des enseignements qui portaient sur la philo politique …. La question de la représentation, l’éthique et le genre etc….
L’auditoire était assez large et il semble qu’il se diversifiait sur la dernière année….. C’était un plaisir de constater la venue de gens plus jeunes. La diversité du public a été encourageante et rassurante pour lui.
Constat aussi d’un noyau dur de fidèles …..C’est très gratifiant !
La difficulté fondamentale qu’il éprouve est celle qui se situe au moment de l’interaction. : IL a beaucoup de mal à essayer de se mettre à une hauteur de vue différente pour éviter de répondre aux questions dans la position « d’autorité » qui caractérise l’enseignant. C’est très difficile d’arriver à imaginer le point de vue à partir duquel on va se positionner et ce qu’il faut abandonner d’assurance et de certitudes pour pouvoir être entendu.
Comme Laurent, il n’a jamais eu le sentiment que l’UP doit être une fabrique de militants, il évite donc de tomber dans une simplification qui peut être valorisante sur le moment mais à très court terme.
Le moment des questions était très redouté à cause de la diversité des publics et de la difficulté à imaginer ce qu’on attend de l’intervenant.
Est-il là pour apporter un savoir ou pour proposer une parole partagée ?
Il ne croit pas au pouvoir émancipateur de la connaissance… le savoir n’émancipe que celui qui l’acquiert.
L’articulation entre connaître et agir est très problématique et encore plus à l'UP.
Il a essayé de naviguer entre ces différents écueils et trouve que c’est une excellente idée de se poser ensemble un certain nombre de questions. Il croit, malgré tout, que si l’on considère que le cadre de l’UP est un cadre d’expériences (où il se passe quelque-chose), on a ici peut-être l’occasion, dans la discussion, de réviser cette expérience… de réadapter les attendus des enseignants avec le point de vue que les auditeurs, présents au séminaire, peuvent indiquer.
4- Intervention d'Alain Leduc de Bruxelles sur le ou les publics du point de vue de l‘UP de Bruxelles.:
L »UP de Bruxelles a une histoire très différente des nouvelles UP de France.
Elle existe depuis 2 ans et demi mais c’est l’aboutissement d’un processus d’éducation populaire.
Il y a 40 ans, il y a eu une expérience d’université syndicale :
1 - pour que les délégués syndicaux puissent avoir une compréhension plus générale de l’économie, du droit…. La liberté de parole était assez étonnante et dans ce foisonnement, avec l’arrivée de l’émigration marocaine à Bruxelles, ils se sont demandé ce qu’ils pouvaient faire pour aider tous ceux qui étaient analphabètes, sans formation professionnelle ni syndicale.
Ces secteurs sociaux et d’éducation permanente s’étant beaucoup développés en Belgique ….plusieurs décrets reconnaissent l’UP, lui donnent un rôle institué et financent ses activités, ils ont donc travaillé aussi avec ceux qui encadraient les analphabètes.
Aujourd'hui, il y a 7000 personnes qui se forment et 300 formateurs
L’UP de Bruxelles est donc l’aboutissement d’un projet mais aussi d’un besoin.
L’UP de Michel Onfray à Caen a été un déclencheur pour monter d’un cran, se mettre dans une position plus libre….on a surfé sur la vague. Leur sentiment est que les UP de France sont plus nées d’une forme de rupture….
Des intellectuels qui sortent de l’Université pour rencontrer des gens désireux d’apprendre et leur dispenser un savoir.
Une hypothèse intéressante se dessine : il y aurait 2 modèles d’UP, celle de Caen et celle de Bruxelles. ….modèles très différents.qui impliquent un lien immédiat entre le public et la pédagogie choisie.
Il a relevé de graves tensions
D’1 côté on part d »1 critique, voire d’1 rupture avec l’Université traditionnelle,
De l’autre, on est parti d’1 éducation populaire depuis le niveau le plus bas.
Concrètement, à Bruxelles, il y a 1 groupe de personnes analphabètes qui se réunit toutes les semaines et qui travaille les mêmes questions sociologiques, socio-économiques, politiques, philosophiques avec de grands conférenciers
La priorité a toujours été mise sur l’ancrage populaire et sur l’engagement (apprendre ou savoir POUR…).
De leur point de vue, on n’apprend pas si on n’est pas capable de dire pour quoi (c’est bien le problème dans l’éducation nationale)….. Il y a un lien entre les situations que les gens vivent et les apprentissages. Alors qu’à l’UP de Caen, il est important de séparer les apprentissages de toute pensée ou militantisme, considérés comme une « scorie » qui empêche d’atteindre le VRAI savoir.
Avec les UP françaises, il découvre que le mot populaire a 2 sens !!!
Pour Bruxelles c’est la priorité donnée d’abord aux plus défavorisés …. MAIS pas de manière aussi générale qu’en disant « c’est populaire car la porte est ouverte et c’est gratuit » !
Pour Onfray, il y a UNE culture et il faut LA démocratiser.
Pour Bruxelles, ça a été un débat très profond : ils plaident pour une démocratie culturelle, une construction culturelle à partir des gens qui sont là (143 nationalités)….ce qui ne veut pas dire qu’ils se désintéressent de la « grande culture ».
Allusion à la position de Corcuff qui s’’était démarqué du concept de « sculpture de soi » de Michel Onfray en proposant de parler plutôt d’un « bricolage de soi ».
Le point le plus important pour l’UP de Belgique, c’est l’aspect pédagogique si on veut travailler avec un public en difficulté on ne peut que partir de la réalité des gens, de leur représentation
Concrètement, avec les ateliers du mardi, on commence par les écouter exprimer leurs représentations d’une question, les écrire au tableau pour voir comment ILS pensent que le problème se pose avant même la venue de l’intervenant
En bout de course, on débriefe avec les gens : est-ce que l’intervenant a répondu à vos questions?…. On construit les savoirs AVEC les gens.
A Caen devant 600 personnes …il n’y a pas de dialogue, c’est du discours transmissif
Comment peut-on continuer d’être d’accord avec cette page de principes d’Onfray qui fonde l’UP ?, ces principes sont d’une faiblesse théorique incroyable : 1 heure de cours + 1 heure de discussion, pas de pré-requis et aucune délivrance de diplômes
Là on est en désaccord profond !
À Bruxelles, on pense qu’à partir des savoirs critiques que l’on construit, on doit se battre pour qu’un jour ils soient diplômants . On pense en tous cas que ce ne sont pas ceux qui ont des diplômes qui doivent décréter l’inutilité des diplômes.
Les institutions sont vécues comme un danger par les UP de France…. Pourquoi ne pas essayer d’être en prise avec les institutions et pourquoi ne pas les utiliser en termes de rapport de force ?
La réponse finale au mail déprimé de Françoise, il y a qqs mois est la suivante : Tenter de faire le lien avec les organisations, les associations d’éducation populaire.
5-Walter Bonomo (Nantes- Plate forme RESEAU des UP)
Il précise qu’il n’est pas enseignant et qu’il ne sent pas forcément très à l’aise avec l’institution.
En 2006 la naissance des UP a été un moment fort pour lui, il s’est senti en empathie avec ce mouvement …….liberté de parole, exigence d’émancipation, de rationalisation de la pensée critique…
Il travaille à l’Université et voit bien les rapports décrits en termes de violence symbolique. Il est reparti de Lyon regonflé à bloc avec l‘envie de faire une UP à sa façon, de participer à cet idéal collectif.
Ne connaissant rien au mouvement des UP, Il s’est imprégné de nombreuses lectures’ ( ex: Mercier), pour comprendre d’où remontait ce mouvement et à quoi ça correspondait et il s’est rendu compte qu’en termes historiques, ça a été un feu de paille.
Une question intéressante à ré-interroger : la difficulté entre classe intellectuelle et classe populaire
Finalement nos UP sont très liées conceptuellement et dans leur mode d’organisation avec les UP du XIXème. On a toujours le même mode d’organisation et la même façon de diffuser les cours ! Si les UP reviennent sur le devant de la scène, c’est peut-être qu’elles correspondent à un temps historique.
Comme à la fin du 19ème, nous vivons une période de mutation profonde de nos systèmes économique, de révolution industrielle et notre système scolaire est en pleine interrogation !
Il y a une forte effervescence autour des groupes de pensée de la presse et des médias…
Mais notre époque contemporaine est très différente : certes, il y a la mondialisation des échanges mais elle n’a pas du tout la même intensité qu’autrefois… notre société est devenue largement alphabétisée, nous vivons dans une abondance des savoirs ce qui n’était pas le cas à la fin du 19ème. Le rapport aux nouvelles technologies permet aujourd’hui de démocratiser l’accès aux savoirs…
Le sentiment de cohésion sociale est beaucoup plus ébranlé aujourd’hui ou plus difficile à construire qu’il ne l’était.
Autre aspect sur la question du progrès : Le rapport aux institutions (passage inaudible)
Walter souhaite nous parler de l’expérience de l’UP de St Brieuc qu’il a initiée et notamment des problèmes dans la construction du dispositif : Echec de la collaboration avec les institutions
Ce qui l’a gêné aussi c’est le centrage autour des enseignants en rupture avec le système académique et qui faisaient partie du comité de pilotage de cette UP.
Il s’est posé 3 questions à partir de l’impasse où il s’est retrouvé :
1- Qu’est-ce qu’apporte au final une UP dans un contexte d’abondance de connaissances, dans un territoire et des voies alternatives où on nous sature d’idées et de savoirs ?
2- L’UP est-elle nécessairement une affaire d’enseignants?
3 -Que peut-on faire pour créer une adhésion populaire autour d’un projet de diffusion et de production de connaissances partagées ?
Walter s’est réinvesti sur d’autres terrains : il a monté un média de métiers citoyens sur internet, à Nantes et ce choix lui a permis de renouer avec cette notion de plaisir qu’il avait développée au printemps des UP, en 2006.
Inventer, apprendre, créer du lien avec les gens… ils le font au travers de reportages.
Cela permet
1-de répondre à l’ambition d’audience avec peu de moyens
2-de créer du sentiment collectif : les groupes s’investissent à un moment donné sur une idée…
Les enseignants sont très utiles dans ce dispositif, ils s’investissent dans ces dossiers mais ne sont pas au centre du dispositif ce qui permet un autre genre de pilotage.
Il est vrai que les savoirs que l’on diffuse sont différents de ceux d’une UP, mais ce format permet un autre rapport aux territoires, aux réseaux sociaux…..on produit des évènements comme le « printemps des média citoyens » qu’on fait venir de toute la France.
Ne pourrait-on-pas
1 -penser l’UP sous forme de média ?
Et/OU
2- créer des liens avec les médias citoyens pour augmenter l’audience ?
Débat du matin Séminaire UPL avril 2011-05-25
Bernard B (Lyon)
Suite à l’appel de Françoise, On a réuni un groupe auditeurs-rices d’un quinzaine (autour de 50/60 ans ) + un nouveau autour de la quarantaine dont la vision était très différente
Discussion libre (voir doc)
Roberto (Lyon)
Je pense qu’un certain nombre de problèmes se posent dans l’enseignement : avec un risque de schizophrénie sociale : On veut faire venir tout le monde sans vraiment savoir à qui on s’adresse. Certains viennent pour le plaisir, Il y a des aventuriers, d’autres pour le savoir traditionnel
Comment peut-on faire un cours sans s’inquiéter de savoir à qui on s’adresse
Faut-il s’adresser aux activistes ou bien à ceux qui viennent juste pour recueillir un savoir
Il faut connaitre le monde dans lequel on est si on veut le transformer
L’intérêt du cours dialogique, c’est ce qui va sortit de cette confrontation
Tanguy (Lyon)
En tant qu’auditeur, c’est une autre expérience
Il y a un plaisir à être aussi auditeur, à être déstabilisé, inquiété …à revoir sa manière de penser. Les UP offrent la possibilité d’émouvoir et le discours critique permet de modifier la manière de voir les choses
Lilian (Lyon)
Il y a un réel intérêt à mener une enquête sur le public
Le Public de l’UPL n’est pas un cobaye : il peut tout à fait refuser le sondage
Ce sondage pourrait permettre de savoir à qui adresser notre com
Et de toucher un autre public que des « blancs » . . .(femmes voilées par exemple)
Refuser de connaitre le public, c’est dérangeant dans un univers où on défend la connaissance pour tous
Liliane (Aix)
Nous ne touchons presque pas de public jeune ou immigré
Nous avons fait un essai d’enquête cad un travail de longue haleine pour connaître le tissu associatif d’AIX qui travaillait en prise sur certaines catégories de population peu présentes à l’UP. Le but était de se connaître et se faire connaître : ce fut un travail à plein temps sur plus d’un an !
Parmi les problèmes soulevés : celui des horaires : les femmes (mères de famille) ne sont libres que l’après-midi et ne peuvent profiter des cours en soirée ;
Les travailleurs sont trop fatigués pour venir à des cours après 18h
A partir de ce qui existe dans notre territoire, on a essayé de travailler avec les organismes investis
L’UP d’AIX s’est construite avec des « experts » et non des « enseignants »
Philippe (Lyon)
Plusieurs questions semblent se poser :
1-A propos de la transmission du savoir, il faut garder le scepticisme et la modestie nécessaires ; malgré les formulations libertaires, il faut garder des repères. La force émancipatrice du savoir n’est pas automatique : attention à l’arrogance de ceux qui croient apporter la « lumière » aux ouvriers !
La variété des usages, des réceptions, des malentendus obligent à une vision différente
Il ne faut pas trop simplifier le problème de la transmission ou de la relation pédagogique et chasser l’idée d’un rapport magique au savoir qui libère. L’espace des UP offre modestement des possibilités d’émancipation
L’émancipation n’est pas intrinsèque au savoir ; il faut récuser la culture d’évaluation tout en restant prudent et en se méfiant d’un rapport magique où l’on refuse de savoir si dans la salle on touche les ouvriers ou pas !
2-Sur le mot « militant »
Ce qui est mis derrière ce mot existe aussi chez les non militants : la fermeture, l’autojustification, le manichéisme, l’étroitesse de vue et ce serait une erreur de les lier uniquement au mot « militant »
Il existe aujourd’hui un mouvement large : l’UP peut-être une composante critique de la galaxie naissante de ces mouvements naissants
Exemple du cours de Brigitte le Grignou sur la réception des médias, qui dérangeait une série de stéréotypes : on a parfois tendance à venir à l’UP pour entendre ce qu’on sait déjà !
Fbb (Lyon) fait remarquer que le public de l’UP de cette époque sans être militant était constitué d’anciens militants qui souhaitaient se rassurer ou vérifier leurs convictions
Pb de l’enseignant qui a besoin de savoir ce que devient son « message »
Michel B (Lyon) expérience de militant syndicaliste à l’usine et dans les milieux sociaux
Ce qui m’intéresse c’est la critique et la remise en cause des idées reçues
Dans le milieu universitaire : la référence à la pratique ne se trouve pas
L’UP de Belgique est partie à l’inverse des besoins des gens et le « greffage de l’UP » s’est fait à partir d’une très longue pratique d’éducation populaire
Sophie Béroud (Lyon)
L’expérience des ateliers de lecture après celle des cycles de conférences a été très passionnante ! Le format 1h/1h ne rompt pas vraiment avec le format universitaire et ne permet pas à toutes et tous de s’y exprimer
On ne peut fonctionner totalement comme Bruxelles mais au moins essayer d’élargir le public en diversifiant les lieux et en se faisant connaitre des associations qui travaillent sur ce terrain
Par ailleurs, pour les thèmes choisis, il faudrait se rapprocher des réalités sociales
Claire et Sandrine (ALPES) (Lyon)
Sandrine
Notre public a un souvenir douloureux de l’école
J’ai été très sensible à la démarche d’Alain (Belgique) : la notion de populaire évoque un public qui n’a pas accès au savoir, un public également non captif
Qui contacte-t-on ? Pour quel engagement ? A-t-ton peur de former des militants ?
Le but est tout de même d’émanciper : il faut assumer cet aspect
L’initiative de Bruxelles pose des questions de fond sur ce qu’on veut faire à l’UP
La complexité des savoirs est accessible à tous
Claire : Le format 1h/1h m’apparaît comme un résidu de l’Université dont on n’arrive pas à se débarrasser
Danièle (Ile d’Abeau)
Nous avons un public très diversifié mais unifié par le lieu (issu du réseau des médiathèques) : ce public est demandeur de savoir et d’informations critiques
Les cours sont énormément suivis et le débat est la continuité du cours mais sur une information de + en + précise
Les débats se font plutôt au début du cours suivant : le public a du temps pour réfléchir, lire et poser ses questions : cela permet d’augmenter le nombre et la palette de la bibliothèque
Nous sommes sensibles à la démarche de l’UP de Bruxelles car on est dans le même cadre social et culturel (public de primo arrivants, de demandeurs d’asile.
Pour les toucher, on a démarré par des ateliers décentralisés (jardins collectifs) avec le souci de déculpabiliser les gens de la situation où ils se trouvent ; on a amené des enseignants en économie, des travailleurs sociaux pour les aider à reprendre les rênes de leur propre histoire
Les cours d’alphabétisation entrent dans les activités de l’UP
En ce qui concerne les « sondages » les gens refusent de répondre à des questions sur eux … c’est aussi la liberté de l’UP
Rose Marie (Belgique)
Il faut aussi parler de l’expérience de l’Université populaire de Liège qui travaille en lien avec les syndicats et les terrains mais se veut davantage un lieu de formation de formateurs
Le débat entre les UP dévoile les autres expériences et souligne l’intérêt de l’associatif dans la formation : Tous les acteurs présents ici sont importants et nécessaires
Certains se sont définis par rapport à l’Université officielle : Les UP issues d’universitaires se posent d’avantage des pbs de pédagogie
Celles qui se sont formées à partir du terrain, se posent d’autre types de problèmes en lien avec leur public spécifique
Tout doit exister mais c’est mieux d’avoir des liens
Il ne faut pas supprimer les espaces où les gens viennent uniquement pour le plaisir d’apprendre : c’est un besoin fondamental et cela n’empêche pas de rester en cohésion avec les autres : C’est chouette par exemple d’entendre dire qu’un atelier est né !
Ce qui manque ce sont des liens affirmés : Les UP ça doit être vivant et non figé dans des modèles
Il faut essayer de se diversifier et de répondre à des demandes différentes
Quand on travaille dans les associations, on doit lutter contre le fait de penser que le monde c’est ça. Il y a des gens qui ont une vie plus confortable mais qui ont les mêmes besoins d’apprendre
Bernard
Qui enseigne : Enseignants OU experts ?
Je me suis rendu compte que pour devenir expert , il suffit d’affirmer avec autorité qu’on l’est ! Comment peut-on choisir un « expert » ?
A l’opposé : un enseignant, on sait d’où il vient ; il a le souci de la pédagogie
On a tendance actuellement à penser que tout le monde sous prétexte qu’il se dit « expert » peut enseigner
Sandrine
Une des vocations de l’UP est de se tourner aussi vers une population en difficulté :
Claude (Lyon)
Il y a des savoirs faire différents : l’intérêt, c’est de créer une collaboration
On est dans une période de notre histoire ou le seul discours consiste à prôner un savoir utilitariste. La fonction critique du discours est primordiale mais n’a rien à voir avec la formation militante
Il faut apprendre à se déprendre de ce que le « public » va faire de ce qu’on enseigne
Renoncer à avoir un quelconque pouvoir sur ce qu’on transmet
Laurent (Grenoble)
Je refuse une connaissance de type sociologique : car je ne vois pas ce qu’on peut en faire
La gratuité n’est pas à jeter : il faut la tenir ferme contre le courant dominant
Importance du principe « ouvert à tous »
Fbb
Importance des locaux qui permettent de rencontrer d’autres publics par l‘intermédiaire de relais (lieux de formation, lieux de loisirs)
Alain (Belgique)
Pour moi la question n’est pas « qui enseigne » mais quelle « pédagogie » on pratique !
Le cours Ex cathedra ne passera jamais dans certains milieux
Quelle pédagogie peut-on mettre en œuvre pour permettre de progresser ?
La posture de transmission peut être remise en question
Synthèse proposée par Michel Tozzi (UP Septimanie)
Cette synthèse, c’est ma façon de lire les débats
Les UP sont des « institutions » non pas au sens de l’école mais au sens de groupes qui se donnent des règles et qui cherchent à se rendre visibles
Il y a d’abord une phase d’instituant (on crée quelque chose de neuf) phase très intéressante en ce qui concerne les UP car elles sont un lieu d’expérimentation sociale
Mais avec le temps, l’instituant devient un institué et se pose des pbs d’institution : logistique, (gratuité), information, place des intervenants, participants, choix de budget, formation, enquêtes pour mieux se connaître …
On éprouve le besoin de distinguer ceux qui sont + du côté de l’organisation et ceux qui sont + du côte de l’intervention pour formaliser une équipe
Se pose également la question des réseaux cad comment se mettre en réseau avec les autres UP et au niveau local avec les autres associations (deniers publics) : cette question prend beaucoup de temps
Qu’est-ce qu’un instituant qui devient un institué et que fait-il pour ne pas mourir en se renouvelant ?
pb posés :
Statut du savoir et son lien avec l’émancipation de l’individu
Statut de l’intervenant
Statut de l’auditeur … public, participant
1- Statut du savoir
S’agit-il des sciences humaines ? Des sciences dures ? sur quels critères fait-on les choix et exclut-on certains savoirs ? dans ce cas , il faut argumenter
En même temps on veut qu’il s’agisse de savoirs critiques pour qu’ils soient émancipateurs
On pense donc que le savoir n’est pas critique par lui-même puisqu’on y ajoute le mot « critique ». Ce savoir « critique », « émancipateur » est en lien avec le mouvement social historique des UP et avec des mouvements alternatifs (alter mondialistes) ;
Ce savoir militant est récusé par certains qui considèrent le savoir comme une « bouteille à la mer » dont les gens font ce qu’ils veulent
Mais on voudrait aussi avoir de l’influence ; a-t-on le « bon » public ? Est-on légitime comme « militant » ? Notre public est-il assez populaire ?
Cela est déterminant pour le statut de l’intervenant et celui du participant
Le langage est important, pb d’appellation : intervenant, expert, formateur, animateur, enseignant…
Les logiques ne sont pas les mêmes : nommer c’est donner le style ; le mot « intervenant » est intéressant parce qu’il est neutre
2- Statut de l’intervenant
Le choix du mot « auditeur » est révélateur car il signifie : celui qui « écoute » passivement.
Le terme « participant » est plus actif, + engageant…
On ne dit pas « formé » pour formateur, ni « enseigné » pour enseignant : tous ces mots impliquent des postures politiques et sociologiques.
Quelle est donc la posture de l’intervenant ? Celle qu’on lui donne et celle qui est reçue, selon qu’il vient de l’université, du lycée ou du primaire ?
Or dans l’expression, « université populaire » : le mot « université » est extrêmement inducteur : comme son nom l’indique, l’enseignant « universitaire » semble être l’intervenant le plus légitime (le chercheur est le meilleur détenteur du savoir puisque c’est lui qui l’élabore)
Sauf qu’il n’y a pas que des « savoirs universitaires » il y a aussi des savoirs expérimentaux, pratiques ; ceux-ci ont-ils une légitimité ? Si oui, comment les transmettre ? S’enseignent-ils, se partagent-ils ? Est-ce qu’un savoir d’expérience s’enseigne ?
Dans tous les cas, l’expérience du public remet en question la posture, la pratique quotidienne, les habitus du discours universitaire (celui de la maîtrise, de la possession de la vérité) car le participant ne s’en laisse pas compter, ce qui oblige l’intervenant à revisiter épistémologiquement sa propre posture : L’intervenant se doit donc d’avoir une conception intégralement problématisée ce qui signifie qu’un savoir n’a de sens que s’il est une réponse à une question
3 Statut du participant :
Posture subjective : comment se situe celui qui reçoit ou/et participe ou co-construit le savoir ?
Il faut élucider le rapport au savoir du participant sinon on reste dans le dogmatisme: quel est son mode d’appropriation du savoir ?
Quel est le rapport entre les intervenants et le « public » (terme qui n’est pas neutre) : on a sur lui des objectifs quantitatifs (objectif faire venir plus de gens ) et qualitatifs (on voudrait avoir un public venant de milieux défavorisés ou au contraire : vient qui veut !)
La position militante voudrait un public plus populaire dont on ne sait pas comment les « attirer » vers nous pour les conscientiser et les faire réfléchir : ce qui met en jeu tout le pb des dispositifs ; question du lieu qui n’est pas neutre car il est chargé symboliquement
comment conçoit-on les gens qui prennent en charge l’UP et les gens auxquels on s’adresse
L’arrivée de l’UP de Belgique a soulevé des questions qu’on ne s’était pas posées
- pb de « diplomation » (alors que l’UP de Caen refusait précisément cela)
- place des intellectuels par rapport aux classe populaires dans les UP
- place des nouvelles technologies UP = médias citoyenx (cf Walter)
Pour finir : l’intérêt des UP
On est dans des lieux où on peut s’autoriser, car on ne dépend pas d’autres institutions,à inventer des pratiques sociales, des pratiques pédagogiques nouvelles en sortant des chemins traditionnels (cours magistraux, formateurs classiques)
Expérimentons l’espace des possibles, les modèles ne s’excluent pas : les ateliers ne s’opposent aux cours magistraux mais qu’est-ce qu’on peut inventer d’autre ?
Notre imagination institutionnelle, pédagogique et didactique est très au dessous de tout ce qu’on peut faire !
Les UP ont permis ces expérimentations qu’on a tout intérêt à mutualiser afin d’enrichir et de diversifier nos pratiques et les modalités trouvées