Le signal du retournement est parti l’année dernière des États-Unis, avec la désormais fameuse crise des « subprimes ». Des millions de foyers américains surendettés se sont soudainement retrouvés incapables de rembourser leurs encours quand les taux d’intérêt se sont mis à remonter. A l’époque, la France semblait épargnée de ce mouvement d’autant que les experts se voulaient rassurants. Ils pronostiquaient il y a peu encore un dégonflement en douceur. Un an plus tard, la crainte d’une dégringolade devient un sentiment partagé dans la population et les signaux de crise se multiplient.
En un an, le nombre de maisons individuelles mises en chantier a chuté de 20 %. Celui des logements neufs vendus au printemps a été inférieur de 42 % au record du premier trimestre 2007 et les stocks n'ont jamais été aussi élevés. Après un doublement des prix en cinq ans, la baisse des prix s'amorce dans l'ancien, même à Paris.
Somme toute, le retournement était prévisible. Dès 2005, certains professionnels avaient alors appelé à l’accalmie. En 2006 le Sénat indiquait qu’après une phase de croissance soutenue pendant près de 10 ans, le marché immobilier français montrait des signes de tassement. Cependant nul n’a jugé que la situation critique, estimant que le taux d'endettement des ménages français restait relativement modéré, comparé aux excès américains. A la question « le scénario américain est-il amené à se transmettre tel quel à la zone euro, et en particulier en France ? » la réponse du Sénat fût « A priori, la réponse est non » [1]. En 2008, force est de constater que la tendance s’est inversée et que la décrue est désormais en marche. En mars, la banque HSBC a été la première à annoncer par voie de presse une baisse de 3% dans l’ancien à cause de la dégradation de la solvabilité des ménages. Après les Etats-Unis, l’Espagne, le Royaume-Uni ou bien Irlande, la France semble donc répéter le même scenario.
Mêmes causes, mêmes effets, pourrait-on dire à ceci près que les ménages français, pour l’essentiel ont emprunté à taux fixes. Bien leur en a pris, car ils sont à l’abri du mouvement de hausse de taux. Les risques de faillites personnelles et de ventes de maisons à prix cassés sont donc limités.
Ceci étant, la crise immobilière risque de peser sur l'économie française. Les Français avaient emprunté massivement pour financer leurs achats immobiliers et le secteur du bâtiment a connu un boom durant toute une décennie. Cette période semble révolue. Devant les risques d’écroulement du système financier, les banquiers ont fini par resserrer leurs exigences pour prêter de l’argent. Il faut compter désormais sur un taux de 5,20%, hors assurance, pour un prêt sur 25 ans, contre 4,70% en moyenne en 2007. Et encore faut-il que le dossier proposé à la banque soit séduisant. Leur prudence ne fait que freiner encore un peu plus un marché désorienté après une décennie d’euphorie. Avec un bâtiment en berne, c’est toutel’économie française qui s’engage vers un mouvement de repli. Reste à savoir pour combien de temps. Rendez-vous dans un an pour faire le point.
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[1] Perspectives macroéconomiques et finances publiques à moyen terme (2007-2011). 2011, au rendez-vous de la croissance et du désendettement ? Dix questions pour le moyen terme. Rapport d'information n° 89 (2006-2007) de M. Joël BOURDIN, fait au nom de la délégation du Sénat pour la planification, déposé le 23 novembre 2006.
En un an, le nombre de maisons individuelles mises en chantier a chuté de 20 %. Celui des logements neufs vendus au printemps a été inférieur de 42 % au record du premier trimestre 2007 et les stocks n'ont jamais été aussi élevés. Après un doublement des prix en cinq ans, la baisse des prix s'amorce dans l'ancien, même à Paris.
Somme toute, le retournement était prévisible. Dès 2005, certains professionnels avaient alors appelé à l’accalmie. En 2006 le Sénat indiquait qu’après une phase de croissance soutenue pendant près de 10 ans, le marché immobilier français montrait des signes de tassement. Cependant nul n’a jugé que la situation critique, estimant que le taux d'endettement des ménages français restait relativement modéré, comparé aux excès américains. A la question « le scénario américain est-il amené à se transmettre tel quel à la zone euro, et en particulier en France ? » la réponse du Sénat fût « A priori, la réponse est non » [1]. En 2008, force est de constater que la tendance s’est inversée et que la décrue est désormais en marche. En mars, la banque HSBC a été la première à annoncer par voie de presse une baisse de 3% dans l’ancien à cause de la dégradation de la solvabilité des ménages. Après les Etats-Unis, l’Espagne, le Royaume-Uni ou bien Irlande, la France semble donc répéter le même scenario.
Mêmes causes, mêmes effets, pourrait-on dire à ceci près que les ménages français, pour l’essentiel ont emprunté à taux fixes. Bien leur en a pris, car ils sont à l’abri du mouvement de hausse de taux. Les risques de faillites personnelles et de ventes de maisons à prix cassés sont donc limités.
Ceci étant, la crise immobilière risque de peser sur l'économie française. Les Français avaient emprunté massivement pour financer leurs achats immobiliers et le secteur du bâtiment a connu un boom durant toute une décennie. Cette période semble révolue. Devant les risques d’écroulement du système financier, les banquiers ont fini par resserrer leurs exigences pour prêter de l’argent. Il faut compter désormais sur un taux de 5,20%, hors assurance, pour un prêt sur 25 ans, contre 4,70% en moyenne en 2007. Et encore faut-il que le dossier proposé à la banque soit séduisant. Leur prudence ne fait que freiner encore un peu plus un marché désorienté après une décennie d’euphorie. Avec un bâtiment en berne, c’est toutel’économie française qui s’engage vers un mouvement de repli. Reste à savoir pour combien de temps. Rendez-vous dans un an pour faire le point.
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[1] Perspectives macroéconomiques et finances publiques à moyen terme (2007-2011). 2011, au rendez-vous de la croissance et du désendettement ? Dix questions pour le moyen terme. Rapport d'information n° 89 (2006-2007) de M. Joël BOURDIN, fait au nom de la délégation du Sénat pour la planification, déposé le 23 novembre 2006.